Sharon et Brian Bruyere n’avaient pas vraiment l’habitude d’aller chez Tim Hortons avant de devenir propriétaires de restaurant Tim Hortons.

Après tout, avant d’ouvrir leur restaurant, pour se rendre au Tim Hortons le plus près de chez eux à partir du territoire de la Première Nation de Sagkeeng, ils devaient parcourir une très longue distance en passant par l’autoroute dans l’est du Manitoba, un trajet d’autant plus difficile à effectuer en hiver.

Lorsque le couple a ouvert son restaurant en mars 2013, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que de longues files d’attente de personnes et de voitures se forment et aillent loin à l’extérieur du restaurant. Sharon et Brian se sont appuyés sur la force de leur communauté pour bien servir les invités et les encourager à revenir.

« Je savais que pour réussir, il nous fallait une équipe solide. Pour ce faire, nous avons nommé des personnes compétentes à des postes essentiels. Ce fut une superbe expérience d’apprentissage pour nous et un excellent moyen de mobiliser des gens de notre communauté », explique Sharon. « Nous sommes vraiment fiers d’avoir pu offrir de nouvelles occasions à certains jeunes et de les voir s’épanouir. »

Beaucoup d’invités étaient présents à l’ouverture de votre restaurant. Comme il y a peu de restaurants Tim Hortons dans la région, l’achalandage doit toujours être très élevé?

SHARON : Exact. Nous sommes en quelque sorte la plaque tournante du nord-est. C’est comme ça que je vois les choses.

Cela fait déjà si longtemps depuis l’ouverture. Quelle expérience enrichissante!

Au fil des ans, de nombreux jeunes de votre communauté ont pu décrocher leur premier emploi dans votre restaurant. Quelle signification cela a-t-il pour vous?

SHARON : Vous savez, nous avons bon nombre d’histoires de réussite, et c’est ce dont Brian et moi sommes le plus fiers.

Lorsque nous embauchons ces jeunes étudiants, qui occupent alors leur premier emploi, nous tentons de leur inculquer l’éthique de travail dont ils ont besoin, de renforcer leur estime de soi et de leur montrer qu’ils sont capables de se faire une place sur le marché du travail. Il s’agit d’un tremplin qui leur permettra de s’épanouir et de réussir dans leur carrière future.

C’est réjouissant de les voir atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés. L’une de nos membres d’équipe était si gênée à ses débuts qu’elle parlait à peine, et maintenant elle est notre gérante. Et elle parle beaucoup.

La transformation de ces jeunes m’impressionne vraiment. C’est quelque chose dont Brian et moi sommes réellement fiers.

Vous êtes tous deux des survivants du système des pensionnats. Qu’est-ce que Journée du chandail orange signifie pour vous? Vous arrive-t-il de penser à vos propres expériences en pensionnat?

BRIAN : La vie en pensionnat a été plutôt traumatisante pour moi.

J’ai rencontré beaucoup de difficultés, et les autres enfants aussi. J’en suis venu à un point où je pensais toujours que je faisais quelque chose de mal. J’ai entendu des histoires d’horreur bien pires racontées par des personnes qui sont passées avant moi. Je pense que j’ai été l’un des plus chanceux.

Je ne souhaite à personne de revivre ça. J’ai commencé à fréquenter un pensionnat à l’âge de 7 ans, et j’ai arrêté l’école à l’âge de 16 ans. J’en avais eu assez.

La Journée du chandail orange m’a énormément ému. Elle permet de sensibiliser les gens à la réalité des survivants. Ça me touche beaucoup de voir les propriétaires de restaurant Tim Hortons partout au pays unir leurs forces dans le cadre de cette campagne de financement.

SHARON : Nous remercions la famille Tim Hortons de soutenir une cause aussi importante et de faire savoir aux gens ce qui s’est réellement passé.

Selon nous, il s’agit du pire secret de l’histoire du Canada. Nous espérons qu’en sensibilisant plus de gens à ce qui s’est passé, à ce que les Premières Nations ont vécu et à la manière dont elles ont été touchées, nous pourrons éliminer de nombreux stéréotypes.

Nous finirons par y arriver, mais il nous faudra du temps et beaucoup de patience.