Depuis plus de 20 ans, la Société des survivants des pensionnats indiens vient en aide aux survivants des pensionnats autochtones et à leurs descendants afin qu’ils n’aient pas à affronter seuls le traumatisme qu’ils ont vécu.

Ce travail s’est poursuivi, même durant la pandémie.

« Nous offrons maintenant des services de soutien individuel virtuels dans le contexte de la pandémie, y compris une ligne d’écoute pour les situations de crise qui est ouverte 24 heures sur 24. De cette façon, nous pouvons offrir notre aide au plus grand nombre possible d’anciens élèves des pensionnats autochtones partout au Canada. Nous ne refusons personne, car cela prend beaucoup de courage pour demander de l’aide, et nous serons là pour tous ceux qui le feront », déclare Angela White, directrice générale de la Société des survivants des pensionnats indiens.

Les conseillers expérimentés de l’organisme, basé en Colombie-Britannique, sont disponibles à toute heure du jour pour répondre aux appels des personnes en crise, pour désamorcer les situations tendues et pour fournir, au besoin, des ressources sur le traitement le plus approprié à recevoir, comme la psychothérapie et les méthodes de guérison traditionnelles.

Angela, elle-même descendante de survivants des pensionnats, souligne que les membres du personnel de la ligne d’assistance ont généralement vécu eux-mêmes des traumatismes. Discuter de cette expérience peut parfois s’avérer incroyablement bénéfique pour une personne qui souffre.

Du 30 septembre jusqu’au 6 octobre, les restaurants Tim Hortons participants de partout au Canada vendront un beigne aux vermicelles orange. 100 % des recettes des ventes (excluant les taxes) de ce beigne seront versées à la Société du chandail orange et à la Société des survivants des pensionnats indiens.

Nous avons discuté avec Angela de la Société des survivants des pensionnats indiens et de la façon dont la collecte de fonds de Tim Hortons permettra de soutenir son travail.

Comment fonctionne la ligne d’assistance de la Société des survivants des pensionnats indiens? Pourquoi est-elle efficace?

Les appelants ont la chance de discuter avec un membre du personnel qui fait preuve de compassion et d’empathie, et qui prête une oreille attentive à ce qu’ils ont à dire. Ces personnes se sentent ainsi plus en confiance pour faire part de leurs expériences, comme en témoignent les personnes qui travaillent à la ligne d’assistance.

Tout le monde est très heureux que cette ligne existe, car c’est rassurant de pouvoir converser avec quelqu’un qui comprend ce que l’on vit. Les membres du personnel de la ligne d’assistance sont tous autochtones, et connaissent d’emblée les enjeux qui touchent ces communautés. Les personnes qui appellent savent qu’elles seront prises au sérieux.

Parfois, il suffit d’écouter ce que les gens ont à nous dire. Nous voulons qu’ils se sentent à l’aise de raconter leurs expériences de vie.

Outre l’appel, est-ce que le personnel de la ligne d’assistance peut fournir des ressources sur d’autres traitements?

La première étape est de s’assurer que la personne qui appelle est stable émotionnellement, c’est-à-dire qu’elle n’est plus en situation de crise. Après quoi, c’est au personnel de la ligne d’assistance de déterminer si d’autres professionnels peuvent venir en aide à cette personne, que ce soit un gardien des savoirs traditionnels ou quelqu’un d’autre. Cela dépend de la personne qui appelle et de ses besoins.

La plupart des gens ont recours à nos services de consultation en attendant de pouvoir obtenir les services d’un psychologue pour un traitement à plus long terme. Certaines personnes préfèrent une approche plus traditionnelle, comme les sorties sur les terres ou les promenades sur l’eau, et le retour aux méthodes traditionnelles de guérison. Parfois, c’est exactement ce dont les gens ont besoin pour commencer à surmonter leur traumatisme.

Chaque personne est différente. Nous ne sommes pas là pour prescrire quelque chose aux gens. Nous sommes là pour les accompagner dans leur cheminement et leur proposer des ressources afin qu’ils puissent choisir la méthode de guérison qui leur convient le mieux.

Cela ne doit pas être facile d’aider les gens à gérer toute cette douleur. Comment vous et votre personnel vous y prenez-vous?

C’est important de prendre soin de son propre bien-être. Pour moi, passer du temps en famille est précieux. Je me sens bien lorsque je suis en compagnie de mon conjoint, de mes enfants et de mes petits enfants. D’autres membres d’équipe préfèrent aller se promener sur les terres ou sur l’eau, et créer les liens culturels dont ils ont besoin.

Essentiellement, il s’agit d’un cheminement vers le pardon. Il faut trouver la force de pardonner, pas seulement pour nous, mais aussi pour ceux qui nous ont blessés en cours de route.

Pour les personnes qui font ce travail, chaque réussite compte. Dans plusieurs cas, il leur était possible d’établir un lien entre leur cheminement personnel et ce que la personne vivait afin de les aider à trouver la force de pardonner et de comprendre leurs parents et leurs grands-parents.

Nous aidons les gens à comprendre que les moments de deuil et de peine sont tout à fait normaux, et que tant que nous en prenons conscience et que nous les gérons de façon saine, il est possible de s’en sortir. C’est la raison pour laquelle notre personnel fait un aussi bon travail.